En Occident, c’est un fait historique : les femmes ont été bien moins incitées à la création artistique que les hommes. Et cela a un impact numérique direct sur la quantité de grandes écrivaines par rapport à la quantité de grands écrivains. Quand une fille a tendance à moins entendre qu’il faut faire de grandes choses pour réussir, elle ressent moins la nécessité de développer ses éventuelles capacités artistiques. « C’est en forgeant que l’on devient forgeron »… Aussi, croire qu’il n’y a pas malgré tout beaucoup de grandes femmes de lettres, sous prétexte que l’on est incapable d’en citer plus de trois, serait mal comprendre le mécanisme de consécration de tel ou tel auteur. Ce n’est pas un secret, hier, comme aujourd’hui, il y a un écart entre la renommé et le talent d’un individu. Voici donc quelques autrices dont le talent ne pose pas question.
Anna Akhmatova. Elle est la poétesse russe la plus connue dans son pays. Elle vit au début du 20ème siècle. La révolution soviétique survient alors qu’elle est déjà assez célèbre. Son mari fusillé, son fils en prison, elle passe 17 mois devant les prisons de Leningrad, a essayer de pouvoir le visiter et à obtenir sa libération. Malheureusement interdite de publications, elle souhaite tout de même terriblement écrire ce qu’elle vit. Elle se lance alors dans l’écriture de son recueil, dans sa tête, qu’elle récite à ses proches. Ainsi, ses proches l’apprennent par cœur, et le réciteront à leurs proches… Ce qu’elle écrit constitue le drame de toute la Russie, pays qui connait son recueil avant même qu’il n’y en ai une édition papier, seulement 25 ans plus tard, sous le nom de Requiem.
Marguerite Yourcenar. Dans son œuvre Mémoires d’Adrien, elle nous raconte la vie de cet empereur pacificateur. Ces lettres fictives envoyées par un homme politique sage mais désabusé, à son successeur, se lisent par petits bouts, tant elles regorgent de réflexions fines et nuancées sur la spiritualisé, la société et l’amour. Derrière le récit qu’Adrien fait de sa vie, on découvre un univers philosophique, séduisant de clairvoyance.
Marina Tsvetaïeva. Elle incarne l’exact opposé d’Anna Akhmatova. Plutôt que l’allure hiératique de l’impératrice, elle possède une ferveur qui lui est propre. Plutôt que de rester en Russie soviétique, elle passera 17 années de sa vie en exil. Toutes les deux ne vivent pourtant que pour une chose : écrire. Marina perdra aussi son mari, sa sœur, sa fille. Et après avoir airé plus de 17 ans à ne vivre que de sa plume, elle rentre en URSS en 1939, espérant que tout ira mieux. Elle se pend deux ans plus tard. Ses œuvres sont alors redécouvertes après sa mort. De Mon Pouchkine à Correspondance à trois en passant par Mon frère féminin, l’autrice ne cessera d’être lue.
Virginia Woolf. Mrs Dalloway, chef d’oeuvre de Virginia Woolf, est un roman très dur. Car en racontant une journée apparemment anodine dans la vie de Clarissa Dalloway, membre de la haute bourgeoisie londonienne du début du siècle, elle présente en réalité un monde cruel, où les faibles n’ont pas leur place et où tour ne semble être qu’apparences. D’un côté on a donc la journée de Clarissa, qui attend le soir même un tas d’invités, et de l’autre celle de Septimus, un jeune homme rendu fou par la guerre. Elle jongle alors d’une histoire à l’autre, jusqu’à ce qu’un événement les relie. Certain qualifient le style de Virginia Woolf d’écriture impressionniste. Plusieurs nouvelles de son recueil Lundi ou mardi vont d’ailleurs grandement allusion à des œuvres de Monet.
Sylvia Plath. Américaine du 20ème siècle dont on retrouve aujourd’hui encore sur Youtube des enregistrements qu’elle faisaient à l’époque pour la BBC. Ariel, son recueil le plus connu, est écrit en 1963, juste avant son suicide. Aucunes traductions de ses œuvres ne sont disponibles, l’occasion de travailler son anglais !
Marceline Desbordes. C’est une poétesse que l’on peut facilement associer a courant du romantisme, du fait de son attirance pour des formes très anciennes telles que la chanson ou du retour récurrent dans ses poèmes des thèmes tels que l’exil, ou l’amour impossible, à cela près qu’elle publie ses premiers poèmes en 1918. Assez tôt pour du romantisme français, elle fait, de ce fait, office de précurseur pour ce mouvement. Reconnue par Baudelaire, elle est en fait beaucoup plus en avance que ce que l’on pourrait penser à l’époque, puisque sa poésie inspirera, entre autres, Verlaine.
Savoir différencier littérature populaire et littérature scientifique.
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